En tant que personne seule, j’ai profité de la permission accordée par le gouvernement de se joindre à une bulle familiale.
Je suis donc allé passer quelques temps chez mon père, qui a des enfants d’un second mariage âgés de 12 et 9 ans.
Le plus jeune des deux joue constamment à Fortnite. Je lui ai offert mon PS4 à Noël, pensant que ça lui ferait essayer d’autres jeux, mais il a simplement migré de Fortnite sur cellular à Fortnite sur PS4.
Oh properly.
Un soir, il s’est disputé avec mon père parce qu’il voulait une nouvelle carte de V-Bucks mais mon père lui a dit qu’il devait attendre de recevoir son argent de poche.
« Mais le costume que je veux va être parti!!! » s’est-il écrié en panique.
Par curiosité, je me suis connecté sur son compte Epic, query de savoir combien il avait dépensé en V-Bucks et autres micro-transactions.
Le chiffre m’a renversé; il y en avait assez pour acheter une console flambant neuve.
Disons que ça devient cher pour un jeu « gratuit ».
Bambi
Ce n’est pas la première fois que je parle des micro-transactions. Dans un article précédent, j’avais même raconté l’anecdote suivante:
Récemment, j’étais en visite chez ma famille et mon jeune frère de 7 ans, qui est OBSÉDÉ par Fortnite me montrait sa collection de skins.
Je démarre une partie avec lui, et évidemment, je n’ai aucun skin sur mon compte (je joue 30 minutes par mois à Fortnite, style). Il voit mon personnage commonplace, et me dit:
« Oh, t’es un Bambi!
– Un Bambi?
-Oui. Ceux qui n’ont pas de costumes, on les appelle les Bambi, parce qu’ils sont faciles à tuer».
Le même phénomène a d’ailleurs été rapporté aux États-Unis, où des enfants se faisaient traiter de « Defaults ».
2 ans plus tard, la pression sociale entre amis ne semble pas s’être atténuée. Ça reste essential pour mon frère d’avoir le costume le plus récent pour être cool, pour faire partir de la gang.
Je ne peux pas lui en vouloir. À son âge, je voulais du linge Volcom et des cartes Pokémon pour essentiellement les mêmes raisons.
Mais je peux en vouloir aux compagnies multi-milliardaires qui capitalisent sur ce désir d’appartenance particulièrement aiguisé à l’enfance et à l’adolescence pour s’enrichir.
Deadpool et Marc Dupré
C’est d’autant plus vrai que Fortnite, comme la plupart des jeux du style, effectue une rotation de son inventaire virtuel. Si vous n’achetez pas le produit avant une date déterminée, tant pis, vous avez manqué votre probability.
Ça crée un sentiment d’urgence difficile à gérer pour un cerveau en développement. Je me rappelle avoir paniqué, plus jeune, parce que j’avais décliné l’invitation de mes mother and father d’aller voir un spectacle de Marc Dupré (à une époque où il était imitateur). Plus ils parlaient du bon moment qu’ils avaient passé, plus j’angoissais; le moment était passé, et je l’avais raté. Allais-je le regretter toute ma vie?
Maintenant, je sais bien que je peux TRÈS BIEN vivre sans avoir vu Marc Dupré imiter Ginette Reno. Mais je ne peux que m’imaginer l’angoisse que ça peut générer chez un enfant; si je n’achète pas le costume de Kratos d’ici demain, il sera trop tard, et je serai LE SEUL de mes amis à ne pas l’avoir.
Qu’importe qu’il y aura un nouveau costume encore plus populaire la semaine prochaine; l’angoisse s’est frayé un chemin.
Le concept de l’argent
L’argent n’est pas un idea tremendous limpide pour un enfant.
Enfant, je me rappelle d’avoir dit à mes mother and father que je rêvais d’ouvrir un magasin où je vendrais des voitures 1$, pour que tout le monde puisse se les offrir.
Vous aurez compris que je n’ai jamais fini par étudier au HEC.
Je ne comprenais pas non plus pourquoi mes mother and father ne m’achetaient pas tous les jeux vidéo que je demandais; après tout, j’avais vu leurs feuillets bancaires, ils avaient 1000 DOLLARS dans leur compte de banque!
C’est donc normal que le concept de la valeur de l’argent ne soit pas tremendous clair pour mon petit frère.
Mais Epic ont compliqué le système encore davantage. Avec nos dollars, on ne peut pas acheter de costumes ou autres éléments cosmétiques; on peut acheter des V-Bucks.
Ce sont ensuite ces V-Bucks qui permettent de magasiner au magasin. Ainsi, le costume de Ninja, le célèbre streamer, coûte 1500 V-Bucks.
Combien ça vaut en vrais dollars?
C’est l’attrape: c’est difficile à dire. La valeur des V-Bucks dépend de la quantité achetée; plus vous en achetez beaucoup d’un coup, moins le V-Buck individuel vous revient cher, et vice-versa.
Ainsi, si vous achetez 1000 V-Bucks au coût de 10,79$ CAD, le costume de Ninja vous aura coûté 16,18$ CAD. Mais si vous avez plutôt opté pour l’achat de 13 500 V-Bucks au prix de 106,79$ CAD (!!!), il vous aura coûté 11, 87$.
Une économie de près de 5$… pour un achat initial de près de 107$!
On comprend qu’un enfant y perde son latin. Même moi, je suis un peu mêlé.
En fait, même les mother and father s’y perdent. À coup de 20$ ça et là, les mother and father ne se rendent pas nécessairement compte d’à quel point la facture monte. Une obfuscation qui fait l’affaire des éditeurs.
Pis, ça?
Je vous entend dire: « Oui, mais c’est aux mother and father de gérer ça. Moi je leur demandais ben des cartes Pokémon! ».
Certes.
Mais il y a des différences. Au Québec, les entreprises n’ont pas le droit de faire de la publicité directement à l’intention des enfants, parce qu’on sait qu’ils sont influençables.
Pourtant, essayez d’ouvrir n’importe quel jeu incluant des micro-transactions, de Fortnite à Apex Legends en passant par Brawl Stars et COD: Warzone sans être assailli de promotions.
Soudainement, les enfants sont assaillis de publicités, dans un environnement qui échappe complètement à la surveillance des mother and father ET des législateurs.
C’est d’ailleurs pourquoi de nombreuses voix s’élèvent pour que les micro-transactions aient une affect sur la cote ESRB.
Vous voulez que votre jeu soit plus qu’un simple divertissement et qu’il fasse la promotion de vos produits? Très bien, alors il sera réservé à un public en mesure de faire face à ces tactiques publicitaires.
Tout ça, c’est sans compter la formidable porte d’entrée vers le jeu compulsif que représentent les micro-transactions sous forme de loot bins.
En ce moment, Pokémon Go est la cible de ces critiques. On sait que ce jeux, qui permet de collectionner d’adorables créatures, est particulièrement populaire chez les enfants.
On peut accumuler des oeufs, qui nous donnent un Pokémon au hasard à son éclosion. Mais pour le faire éclore, il faut marcher un certain nombre de kilomètres avec son téléphone dans les poches.
Quoi faire si on veut les faire éclore plus vite? Évidemment, Niantic offre d’acheter des incubateurs supplémentaires qui permettent au joueur de faire éclore plus d’un oeuf à la fois, et de réduire la distance nécessaire.
Quelle est la différence entre un tel système et la lotterie, mis à half qu’avec la lotterie, le prix potentiel possède au moins une vraie valeur monétaire?
Au ultimate, on ne peut en vouloir aux enfants d’être obsédés par Fortnite et les V-Bucks (ou n’importe quel jeu offrant des micro-transactions, allô Roblox).
On peut les trouver tannants quand ils font une crise à l’heure du souper parce que leurs mother and father ne veulent pas leur donner 20$ pour acheter un skin, certes.
Mais au ultimate, ils se font manipuler par des méga-corporations. Si les adultes éduqués que nous sommes ont de la difficultés aux sirènes de la publicités qui nous proposent VUS et autres voyages hors de prix, comment demander aux enfants de rester de glace devant dse methods de manipulation sophistiquées?
Un texte de Pier-Luc Ouellet de Jeux.ca
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