Depuis le 13 octobre, 5300 étudiants de la Faculté d’enseignement de l’Université du Québec à Montréal revendiquent de meilleures circumstances pour leurs levels.
Depuis 2016, des moyens de pression s’enchainent pour faire pression à la fois sur la faculté, sur l’administration de l’UQAM et sur le ministère de l’Éducation supérieure. Le 10 octobre, quelques centaines d’étudiants ont marché pour la rémunération de leur stage, une politique de harcèlement adéquate et, globalement, de meilleures circumstances.
L’Affiliation facultaire étudiante des sciences humaines de l’UQAM (AFESH) et ses 4300 étudiants se joignaient à la grève. Idem pour l’Affiliation facultaire étudiante de science politique et droit de l’UQAM (AFESPED), dont les 2000 étudiants font grève du 9 au 11 novembre.
Un complete, 11 600 étudiants de l’UQAM étaient donc en grève pour la rémunération de tous les levels et de meilleures circumstances de travail. Selon Danaë Simard, chargée des communications et du comité de mobilisation, «la mobilisation est forte, le monde est motivé, le monde est fâché» et les quelques centaines de personnes présentes à la mobilisation «en témoignent».
Du côté de l’Université de Montréal, quelques programmes, dont ceux de psychologie et d’orthophonie, ont témoigné de solidarité envers le mouvement en faisant également grève aujourd’hui.
«Si on n’est pas entendu [par le gouvernement, la faculté et l’université], ça va être très dur et très lengthy», soutient la chargée de communication des étudiants en éducation, rappelant que «la grève, ce n’est pas pour le enjoyable».
Dans les faits, la grève prendra fin le 20 novembre, mais elle est reconductible. Ce sera donc à l’Assemblée générale de voter si elle souhaite continuer de faire la grève ou non.
Le délégué à l’enseignement supérieur de Québec Solidaire (QS) et député d’Hochelaga Alexandre Leduc était présent à la manifestation. Pour QS, il s’agit d’une «forme de cohérence» d’être présent «pour encourager les personnes, pour faire valoir leurs droits, pour faire valoir la fin de la précarité dans le domaine des levels».
Lors des discours, des militantes ont fait état des circumstances «horribles» qui sont imposées lors des levels et ont souligné des intersections avec les luttes féministes. Elles parlent entre autres de l’enseignement comme travail de care et du travail gratuit exécuté majoritairement par les femmes. Celles-ci constituent la grande majorité des étudiantes en enseignement.
Politiques d’encadrement
Pour ce qui est des enjeux de harcèlement, l’UQAM est dotée des politiques 42 et 16. La première vise à prévenir et combattre le harcèlement, alors que la seconde vise à prévenir et combattre les violences à caractère sexuel.
Mais cela ne suffit pas, clame Mme Simard, puisque celles-ci ne prennent en compte que ce qui se déroule «dans les établissements de l’UQAM». Tout ce qui se passe sur des lieux de levels n’est donc pas encadré par celle-ci. Du côté du gouvernement, la Loi 14 qui a été adoptée par le gouvernement en début d’année garantit «le droit de bénéficier d’un milieu de stage exempt de harcèlement psychologique».
Selon Danaë Simard, les stagiaires sont «barouettées à gauche et à droite» et ne savent plus vers quelle occasion se tourner. Face à des cas de harcèlement, la procédure se fait «vraiment [au] cas par cas». Elle examine cette gestion à «la maison des fous dans Astérix et Obélix».
On ne sait plus qui aller voir pour différents problèmes. Il y a même des cas où on se fait référer à la police.
Danaë Simard, responsable aux communications et membre du comité de mobilisation
M. Leduc, lui, rappelle que lors de la négociation de la loi sur l’encadrement des levels, les étudiants demandaient à ce qu’une conference de stage soit obligatoire. «Le ministre trouvait ça trop compliqué, trop bureaucratique. L’influence que ça aurait eu aurait été de faire connaitre les droits de tous les stagiaires, forcer la promotion des droits des stagiaires.»
Un des positive factors principaux ayant été obtenus au cours des années de mobilisation pour la rémunération des levels, indique Mme Simard, était une bourse de 3900$ pour le stage four. Celui-ci correspond à, entre autres, «45 jours de stage dans le milieu», lit-on sur le website web de l’UQAM.
Cette bourse a été annulée au début de cette année scolaire, puis remplacée par la bouse Perspective de l’Opération main-d’œuvre, mise en place par le gouvernement Legault. Celle-ci offre 2500$, mais seulement pour ceux et celles qui étudient à temps plein et qui réussissent leur stage. Elle ne vise pas les levels en enseignement précisément, mais la pénurie de main-d’œuvre en général, souligne la chargée de communication des étudiantes.
Selon elle, les cas de harcèlement en poussent plusieurs à «lâcher» leur stage, donc à ne pas terminer leur session. Beaucoup d’étudiantes suivent également des cours d’été pour alléger leur session de stage four. Leur session n’est donc pas admissible «parce qu’elles ont bien géré leur temps».
Pour M. Leduc, le manque de rémunération au niveau du stage a un impression «évident» sur la rétention de la main-d’œuvre, tout comme «la rémunération de l’emploi» et le «temps supplémentaire obligatoire».
Le cupboard de la ministre de l’Éducation supérieure Pascale Déry a rencontré les représentantes de la communauté étudiante plus tôt cette semaine. Sur Twitter, la ministre a affirmé que le gouvernement était «sensible à cette journée de mobilisation». Rentrant tout juste en poste, elle a demandé un compte rendu de la state of affairs afin d’explorer les différentes choices possibles.
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