Sortir de l’ombre quand on est séropositif est une épreuve difficile à imaginer, mais pour Denis-Martin Chabot, journaliste de carrière à Radio-Canada, il s’agissait d’une nécessité.
Pendant douze années, le reporter qui a travaillé à Montréal, Edmonton, Halifax, mais aussi au Mali, a vécu avec le diagnostic du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) de façon privée. «Mes proches, ma famille étaient au courant, mais je me suis gardé d’en parler à mon employeur. Toutefois, sachant que beaucoup de personnes séropositives, presque 1 sur 16, ne connaissent même pas leur statut, je me suis dit que je devais essayer de faire quelque selected», affirme M. Chabot.
Au début du mois de décembre 2016, celui-ci révèle qu’il est atteint du virus sur son blogue, décidant ainsi d’utiliser de sa notoriété publique pour combattre le fléau qui afflige encore des centaines de Québécois.
«Il n’y a pas vraiment de personnalité publique gaie et séropositive chez nous qui en parle haut et fort. C’est pourquoi je considère aussi faire éventuellement des conférences à ce sujet, même si je n’ai pas l’intention d’en faire une carrière», assure-t-il.
Ce n’est pas la première fois que le journaliste qui réside désormais dans Rosemont aborde cet enjeu et ceux liés à la communauté LGBT. Dans de nombreux précédents ouvrages, dont la série Manigances, Pénitence, Innocence, pour ne nommer que celle-là il aborde le sujet des relations homosexuelles de manière parfois assez crue.
«On peut sortir le journaliste de la salle de nouvelles, mais pas la salle de nouvelles du journaliste. Je suis beaucoup les événements de l’actualité, et ressent le besoin d’aborder les événements qui ne sont pas médiatisés», insiste le reporter.
Dans ses deux plus récentes œuvres Rue Sainte-Catherine Est, métro Beaudry et Il y a longtemps que je t’aime, je ne t’oublierai jamais l’auteur se penche aussi sur les accommodements raisonnables, l’immigration musulmane et sa communauté gaie. «Au-delà de tous, ce que je veux transmettre c’est un message de tolérance, dit M. Chabot. Ces personnages sont un peu inspirés de moi, de mes angoisses, de mes expériences, mais aussi de personnes que j’ai côtoyé.»
Malgré le fait que de nombreuses personnes séropositives comme Denis-Martin Chabot réussissent à mener une vie en santé grâce aux traitements de mieux en mieux adaptés, le VIH reste une maladie fortement présente dans la communauté LGBT, surtout chez les hommes gais et à Montréal.
L’Institut nationwide de santé publique du Québec (INSPQ) a créé depuis 2002 le Programme de surveillance de l’an infection par le virus de l’immunodéficience humaine au Québec.
Selon le rapport annuel de l’organisme publié en 2015, parmi les 609 cas d’an infection par le VIH enregistrés l’an dernier, 55% étaient des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes. Ceux-ci représentent 83% des nouveaux diagnostics rapportés en 2015.
Toutefois, une importante portion des personnes touchées par le virus a des relations hétérosexuelles non-protégées, soit 35%.
Les cas sont surtout concentrés à Montréal. À elle seule, la métropole qui abrite le quart de la inhabitants du Québec compte pour 70% des cas.
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