La confiance des Canadiens envers les médias à son plus bas

Metro Montreal

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La confiance à l’égard des médias a atteint un creux au Canada. Elle est à son plus bas depuis sept ans. Ce phénomène est décrypté par Sébastien Charlton, coordonnateur du Centre d’études sur les médias (CEM) à l’Université Laval, et Colette Brin, directrice du Centre d’études sur les médias, à l’Université Laval.

ANALYSE – Selon le& Digital News Report, produit par le Reuters Institute for the Research of Journalism, à l’Université d’Oxford, la confiance envers les nouvelles a baissé de 13& factors de pourcentage par rapport à la première collecte de données en 2016.

L’enquête de 2022& révèle que 42& % des répondants canadiens font confiance «à la plupart des nouvelles la plupart du temps», une légère diminution depuis l’an dernier.

Évolution de la half des répondants canadiens, anglophones et francophones faisant confiance à la plupart des nouvelles la plupart du temps (2016 à 2022) et à la plupart des nouvelles qu’ils consultent (2017 à 2022). En 2022, Canadiens& : n=2012& ; anglophones& : n=1486& ; francophones& : n=1004. Comme par le passé, les francophones sont plus confiants envers les nouvelles et les sources d’info que les anglophones. Il s’agit pour ces deux groupes des plus bas résultats à ce jour.& (Digital Information Report)

L’enquête montre aussi que l’âge est un facteur majeur lié à la confiance: les adultes de plus de 35& ans font davantage confiance aux nouvelles et aux médias que les jeunes adultes. Ceci confirme les résultats de nombreuses études antérieures. Les jeunes consomment moins de nouvelles en général et s’informent davantage auprès des médias sociaux et des plates-formes numériques en général.

Indépendance des médias

Les Canadiens anglophones expriment une plus faible croyance en l’indépendance des médias d’info face aux influences politiques et commerciales, comparativement aux enquêtes précédentes. Toutefois, la croyance en l’indépendance des médias demeure secure chez les francophones.

«& Les médias d’info dans mon pays sont indépendants et ne subissent pas d’affect extreme de la half des politicien·ne·s ou du gouvernement la plupart du temps& » et «& Les médias d’info dans mon pays sont indépendants et ne subissent pas d’affect extreme de la half du monde des affaires ou des entreprises la plupart du temps& ». Pour les deux questions en 2022, Canadiens& : n=2012& ; anglophones& : n=1486& ; francophones& : n=1004.& (Digital Information Report)

Les anglophones qui s’identifient à la droite politique sont plus susceptibles d’être sceptiques quant à l’indépendance des médias. En outre, la moitié des Canadiens considèrent que les principaux médias du pays sont politiquement proches les uns des autres. Parmi ceux qui les considèrent comme très proches, seuls 21& % font confiance à la plupart des nouvelles la plupart du temps.

La query cherchait à mesurer les perceptions du public quant à la polarisation du paysage médiatique. Mais ce chiffre suggère plutôt qu’un manque perçu de diversité des views et la focus de la propriété font partie des causes de la méfiance grandissante envers les médias.

Les habitudes de consommation reflètent en partie ces opinions défavorables: un nombre croissant de personnes interrogées déclarent éviter l’exposition aux nouvelles, au moins de temps en temps.

Les raisons les plus souvent évoquées en 2022 sont l’effet négatif sur la santé mentale ou physique, trop de nouvelles sur des sujets comme la politique ou le coronavirus, et l’épuisement lié à la surcharge informationnelle.

«& Vous est-il arrivé ces derniers temps d’essayer activement d’éviter les nouvelles& ?& » En 2022, Canadiens& : n=2012.& (Digital Information Report)

De plus en plus de Canadiens paient pour s’informer en ligne

Tout n’est pas sombre pour autant pour les médias d’info. Il y a deux ans, le Digital Information Report& montrait une croissance du nombre de Canadiens qui contribuaient financièrement pour les nouvelles en ligne. Il a atteint en 2022 son niveau le plus élevé au Canada jusqu’ici.

Les Canadiens qui paient pour s’informer sont aussi de plus en plus susceptibles de soutenir financièrement plus d’une supply de nouvelles, que ce soit en s’abonnant ou en faisant des dons. Ils sont plus nombreux à prévoir que le nombre de leurs abonnements auprès de médias en ligne va augmenter plutôt que diminuer. Mais plus de la moitié d’entre eux affirme qu’il restera inchangé.

Les abonnements aux providers de nouvelles en ligne demeurent toutefois beaucoup moins populaires que les plates-formes de divertissement telles que les providers de télévision ou de musique en continu, les baladodiffusions, les livres audio et les sports activities.

Évolution de la répartition des répondants canadiens ayant payé pour des nouvelles en ligne ou ayant accédé à des nouvelles payantes en ligne au cours de l’année précédente, de 2016 à 2022. En 2022, Canadiens& : n=2012& ; anglophones& : n=1486& ; francophones& : n=1004.& (Digital Information Report)

Le journalisme en période de crise

Bien que l’enquête ait été menée pendant une période de crise en janvier et février,& durant les manifestations du «convoi de la liberté» à Ottawa& et ailleurs au Canada, la plupart de ces résultats suivent des tendances pluriannuelles ou sont conformes aux résultats mondiaux du Digital Information Report, qui couvre 46 marchés en 2022.

Les perceptions négatives sont peut-être liées& à la critique des programmes gouvernementaux d’aide aux médias d’information, dont les crédits d’impôt au fédéral.

Ces mesures, conjuguées à l’augmentation des recettes publicitaires pendant la pandémie, ont permis aux médias d’info canadiens de souffler un peu. Mais elles ont également& alimenté certaines inquiétudes concernant l’indépendance journalistique.

Enjeux de régulation

Face aux défis de la désinformation, les gouvernements sont de plus en plus actifs dans la régulation de l’écosystème des médias numériques et le soutien au journalisme.

L’invasion russe de l’Ukraine, lancée quelques jours après la fin de cette enquête,& a intensifié les pressions à cet égard& en raison& d’informations trompeuses ou erronées diffusées sur les médias sociaux.

En cette période de perturbation et de transformation, des enquêtes comme le Digital Information Report aident à mieux comprendre la pertinence et la légitimité des sources d’info professionnelles auprès de la inhabitants. L’analyse fondée sur des données probantes de l’évolution de la consommation et des attitudes des usagers des médias peut soutenir l’élaboration de politiques publiques et de meilleures pratiques journalistiques.

Cet article est republié à partir de& The Conversation& sous licence Artistic Commons. Lire l’article original.

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