Une grande partie des emplois en région seraient à risque si le gouvernement haussait le salaire minimal à 15$ de l’heure, affirme une observe de l’Institut économique de Montréal (IEDM) publiée jeudi.
Vingt-cinq municipalités régionales de comté (MRC) seraient particulièrement vulnérables, alors que de 41% à 56% de leur main-d’œuvre âgée entre 25 et 64 ans serait mise en hazard par une telle mesure, si elle était mise en place en 2017. C’est dans la MRC Le Rocher-Percé, en Gaspésie, que les emplois sont le plus à risque. Près de 56% d’entre-eux seraient menacés si le salaire minimal était haussé à 15$ en 2017, et 46% le seraient s’il l’était en 2021.
«Une telle hausse du salaire minimal aurait aussi pour effet de désavantager le développement économique régional, accélérant ainsi l’exode rural auquel font face certaines régions du Québec depuis le milieu du 20e siècle», a affirmé Alexandre Moreau, analyste en politiques publiques à l’IEDM et coauteur de la notice.
La notice de l’IEDM précise que le salaire minimal s’applique également sur tout le territoire, mais que les circumstances économiques, elles, varient selon les régions. Aussi, le salaire offert est souvent plus faible en région que près des grands centres, tout comme le sont les events d’affaires.
Parmi les conséquences d’une hausse rapide du salaire minimal, l’IEDM notice les pertes d’emploi, l’augmentation des tâches et des responsabilités pour certains postes ou encore la diminution des heures de travail ou des bénéfices non monétaires que peuvent avoir certains travailleurs.
Selon l’organisme de recherche, d’autres mesures permettent déjà ou permettraient d’aider les travailleurs à faible revenu. La hausse du seuil du montant personnel de base pour le paiement d’impôts ou la modification des circumstances d’admissibilité au crédit d’impôt pour solidarité en font partie.
L’enjeu du salaire minimal à 15$
En avril 2016, la député de Québec solidaire Manon Massé a déposé une movement à l’Assemblée nationale pour hausser le salaire minimal à 15$. Le Parti québécois appuie ce rehaussement du salaire minimal. En août, le premier ministre Philippe Couillard avait indiqué être ouvert au débat sur la query.
Selon l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), une telle hausse n’aurait pas les conséquences néfastes qu’on lui attribue. Dans une entrevue accordée à La Presse Canadienne en octobre, Mathieu Perron-Dufour, un professeur à l’Université du Québec en Outaouais et chercheur à l’IRIS, avait affirmé que certains emplois seraient mis à risque par une telle mesure, mais que «pour la vaste majorité des travailleurs touchés, ce serait un gros bonus.» «Il n’y aura pas de fermetures généralisées ou d’inflation généralisée qui viendrait faire un peu l’effet d’une bombe atomique, avait ajouté le chercheur. Les bénéfices dépassent pour nous largement les coûts».
Le salaire minimal est actuellement fixé à 10,75$ de l’heure depuis le 1er mai 2016. La ministre du Travail, Dominique Vien, devrait annoncer prochainement un changement du salaire minimal.
En 2012, un mouvement de revendication pour la hausse du salaire minimal à 15$ s’est amorcé aux États-Unis. Le salaire minimal sera haussé en Californie et à New York au cours des prochaines années pour atteindre ce montant. La Ville de Seattle doit atteindre ce seuil le 1er janvier 2017.
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