La marijuana, source de frictions avec Washington?

Metro Montreal

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VANCOUVER — La marijuana est loin d’être le seul symbole des divergences d’opinions qui séparent le premier ministre Justin Trudeau du président désigné des États-Unis, Donald Trump.

Quand le Canada dévoilera son plan de légalisation du hashish au printemps, des tensions pourraient toutefois survenir avec son voisin du sud, alors que Donald Trump a indiqué qu’il avait l’intention de maintenir la marijuana illégale dans la législation fédérale américaine.

Len Saunders, un avocat spécialisé en immigration de Blaine, dans l’État de Washington, s’attend à être très sollicité une fois que le Canada aura légalisé la marijuana. Il est toutefois loin de s’en réjouir.

M. Saunders représente souvent des Canadiens qui se sont vus interdire l’entrée aux États-Unis après avoir admis avoir fumé du hashish par le passé. Chaque année, il remplit jusqu’à 30 demandes d’exemption coûteuses pour que ses shoppers puissent espérer ravoir accès au territoire américain.

Bien des Canadiens se sentent à l’aise de révéler à un agent frontalier américain qu’ils ont fumé de la marijuana, étant donné que plusieurs États américains ont légalisé la consommation de cette drogue, a expliqué M. Saunders en entrevue. Or, les providers frontaliers appliquent les lois fédérales et celles-ci ne risquent pas de décriminaliser la substance de sitôt, estime l’avocat.

À son avis, il est préférable pour les voyageurs d’éviter de répondre si un douanier leur demande s’ils consomment de la marijuana et s’ils en ont déjà fumé par le passé.

Plus tôt cette année, le ministre canadien de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a qualifié de «ridicule» le fait que certains Canadiens se voient bannis du territoire américain pour une telle raison, ajoutant qu’il fallait faire face à un tel enjeu.

Un porte-parole du ministre a indiqué que M. Goodale poursuivrait les discussions kinfolk à ce file avec ses homologues américains.

Joshua Labove, un candidat au postdoctorat en géographie de l’Université Simon Fraser, en Colombie-Britannique, estime néanmoins peu possible que Justin Trudeau arrive à s’entendre aussi bien avec Donald Trump qu’avec son prédécesseur, Barack Obama.

«Un file tel que la légalisation de la marijuana pourrait être l’un de ceux qui tomberont sur le bord du chemin», a-t-il prédit.

Immigration d’un nouveau style

Si des célébrités américaines qui avaient laissé entendre qu’elles prendraient la fuite au Canada si Donald Trump devenait président semblent maintenant reculer, la légalisation du hashish pourrait convaincre certains adeptes de traverser la frontière nord.

Une avocate d’Ottawa spécialisée en immigration, Betsy Kane, dit avoir déjà rempli plusieurs demandes de visa pour des Américains qui cherchent un emploi au sein de l’industrie canadienne de la marijuana médicinale, que ce soit des horticulteurs, des cultivateurs, des biologistes ou des conseillers en gestion.

Elle évalue que la légalisation du hashish au Canada créera des emplois pour lesquels l’experience d’Américains issus des États ayant déjà légalisé la substance — comme le Colorado et Washington — sera sollicitée.

«Vous n’avez pas besoin d’être un scientifique hors pair ou d’être un horticulteur pour voir qu’il peut y avoir des events d’affaires entre des compagnies canadiennes et des entreprises étrangères du marché (du hashish)», a avancé Mme Kane.

Pour pouvoir aller de l’avant avec la légalisation de la marijuana, le Canada devra apporter des modifications à son adhésion à trois conventions internationales qui criminalisent la possession et la manufacturing de marijuana.

L’un des pays qui défend le plus ces traités est justement les États-Unis, souligne le professeur en droit constitutionnel et worldwide Errol Mendes, de l’Université d’Ottawa.

Cet skilled estime que le meilleur moyen pour le Canada de se retirer de ces ententes internationales est de les dénoncer et ensuite de tenter de les réintégrer en bénéficiant de certaines exemptions.

Or, pour que de telles dérogations soient accordées dans le cadre de la Conference distinctive sur les stupéfiants, l’approbation des autres signataires est requise.

«Des atouts diplomatiques seront nécessaires, dépendamment de ce que M. Trump fera», a dit M. Mendes.


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