Le combat d’ACT UP contre l’homophobie institutionnelle

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Manifestation d'ACT UP contre l'homophobie et la lesbophobie; Gracieuseté René LeBoeuf et Michael Henricks

Il y a trente ans, les communautés LGBTQ2+ montréalaises étaient encore plongées dans une période sombre de leur histoire. Pris entre une homophobie omniprésente, des rafles policières et des meurtres visant des hommes gais, un groupe de militants nommé ACT UP s’est soulevé contre tous pour faire valoir les droits des personnes LGBTQ2+ et pour que la société québécoise ouvre les yeux sur la crise du VIH qui décimait sa communauté.

Michael Henricks et René LeBoeuf sont connus pour être le premier couple gai à s’être marié au Québec en 2004, mais bien auparavant, leur fight contre l’homophobie se passait sur les bancs d’ACT UP Montréal, un groupe «non partisan de personnes points de tous les milieux, unies par la colère et la compassion, qui luttent activement pour mettre fin à la crise du SIDA».

Dans leur apartment décoré de souvenirs d’une vie militante bien remplie, Michael et René se remémorent cette période sombre qu’étaient les années 1990, avant qu’ACT UP ne débarque à Montréal.

«On était les pervers qui allaient contaminer tout le monde. C’était une période qui était très noire pour les gais, explique Michael Henricks. On a entendu dire à un second donné dans la inhabitants générale qu’ils voulaient mettre les homosexuels en quarantaine pour éviter que le reste de la inhabitants soit contaminée.»

À cette époque, les communautés LGBTQ2+ étaient victimes d’une forte répression de la police, qui effectuait des rafles dans les lieux où les LGBTQ2+ se retrouvaient pour vivre librement. La police détournait aussi le regard des enjeux que vivaient les membres des communautés; une série de 17 meurtres d’hommes gais à Montréal a fait planer un climat de terreur au début des années 1990.

Le couple se rappelle l’arrivée du VIH il y a 40 ans. C’est à partir de 1985 que Michael et René ont commencé à voir leurs amis «tomber».

On était pris avec deux mandats, le virus et l’homophobie. Il n’y avait rien qui se faisait, on essayait de trouver un moyen de s’impliquer et ACT UP est arrivé.

Michael Henricks

Le début du chapitre montréalais

C’est en 1987 à New York qu’ACT UP (AIDS Coalition to Unleash Energy) fut créé pour ensuite s’exporter à Paris ou encore à Montréal. Face à une homophobie qui touchait toutes les strates de la société, ACT UP avait certes comme mission de rendre le sexe positif et sécuritaire, mais aussi de changer le statu quo alors que la crise du SIDA et la répression des LGBTQ2+ n’étaient pas une priorité pour les gouvernements.

Puis, a eu lieu la cinquième conférence internationale contre le SIDA au palais des congrès de Montréal en juin 1989.

ACT UP New York y avait envoyé des autobus remplis de militants tout droit venus de Manhattan pour infiltrer la conférence où les personnes séropositives n’étaient pas conviées. René et Michael se souviennent encore de cette première fois où ils ont vu ce qu’était le pouvoir d’ACT UP au second où les membres new-yorkais sortaient victorieux du palais des congrès après avoir pris d’assaut la scène au second de la cérémonie d’ouverture.

Quand ils sont sortis, on a compris le pouvoir de ces personnes et leurs méthodes.&

Michael Henricks

«Ils sont sortis et là on les a vus, pis là on a compris que ces affaires-là de lobbying et de niaiseries québécoises ne marcheraient pas, automotive ça prend la pressure, explique Michael. Il n’y avait pas d’espoir; au moins eux, ils nous donnaient espoir, automotive ils demandaient des vaccins et des traitements […] Pour nous, ça nous a ouvert les yeux sur une nouvelle approche.»

Puis les militants new-yorkais ont progressivement développé la branche montréalaise en expliquant à leurs camarades remark se mobiliser de manière efficace pour interpeller l’opinion publique.

«La gang de New York nous a montré que tu n’as pas besoin de subir tout ça, explique Michael Henricks. Certes, ACT-UP lutte contre le SIDA, mais aussi Nous sommes ici, nous sommes queers et vous allez vous y faire.»

On était fiers pour une fois, fiers d’être gais.

Michael Henricks
Michael Henricks et René LeBoeuf; Crédit: Quentin Dufranne / MétroMédia

Un nouveau sort d’activisme

Se sont ensuite enchaînés trois ans de mobilisation acharnée pour obtenir l’accès aux médicaments et pour conscientiser la inhabitants générale, mais aussi la communauté gaie qui, pour grand nombre, ne voulait pas entendre parler de VIH au sortir de la révolution sexuelle. La mixité était de mise sur les bancs d’ACT UP, alors que les gais et lesbiennes n’avaient pas pour habitude de faire entrance commun.

«Il y avait beaucoup de gais qui ne voulaient pas voir que le social gathering était fini, il y a eu comme un son de cloche, explique René LeBoeuf. ACT UP était à peu près la seule place où les gais et lesbiennes se mêlaient ensemble, à ACT-UP c’était une place où on se mélangeait tous ensemble et cette communion menait beaucoup d’idées intéressantes.»

Les mobilisations d’ACT UP étaient connues pour leur impression visuel et symbolique souvent accompagné d’un silence accablant qui laissait les badauds sidérés par ce qui se déroulait devant leurs yeux. Les militants profitaient de l’event pour les sensibiliser au sujet de la mobilisation et pour leur distribuer des affiches afin d’expliquer les pratiques les plus à risques de transmettre le virus du VIH.

Face à l’inaction des gouvernements et alors que les meurtres d’hommes gais s’enchaînaient à Montréal, que les descentes de police perduraient dans les bars gais et que le virus décimait leur communauté, les membres d’ACT UP tentaient en useless d’obtenir des audiences à l’Assemblée nationale. Jusqu’au jour où les militants eurent l’idée de se servir de l’homophobie institutionnelle comme d’une arme à leur avantage.

«On s’est dit que s’ils refusaient d’avoir des audiences à l’Assemblée nationale, ça voulait dire que nous étions fous et que l’homophobie, c’était dans nos têtes, explique encore avec le sourire Michael. Alors on s’est dit qu’on allait organiser un gros social gathering au stade pour annoncer qu’il n’y a pas d’homophobie au Québec et que ça n’existe pas, que c’est une maladie mentale de notre half et on va commencer par inviter tous les juges gais et tous les membres de l’Assemblée nationale gais.»

Trois jours plus tard, les membres d’ACT UP obtenaient enfin une viewers à l’Assemblée nationale après des années de lutte. Ce n’est qu’après le début des audiences que les gouvernements ont commencé à agir et à mettre en place des providers pour les membres des communautés LGBTQ2+. Michael Henricks a même aidé pendant plusieurs années la police dans son enquête pour résoudre les meurtres d’hommes gais.

Parmi les règles qui régissaient ACT UP, une d’entre elles stipulait qu’uniquement les personnes atteintes par le VIH pouvaient diriger le groupe. Or, une des dernières phases de la maladie est la démence. Les personnes séropositives encore vivantes au sein d’ACT UP devenaient progressivement inaptes à diriger le groupe, ce qui entraîna la fin officielle du volet montréalais d’ACT UP en 1993.

«On n’avait plus de membres atteints qui étaient physiquement ou mentalement capables d’offrir un management, ils étaient tous très, très malades, se souvient avec encore beaucoup d’émotion Michael. Et la dernière part du VIH, c’est la démence, alors un après l’autre ils sont tombés, c’était un désastre pour nous, c’était nos amis, c’était très, très dur.»

Mais le fight ne s’arrêta pas là pour Michael Henricks et René LeBoeuf qui se sont par la suite impliqués dans la création du Parc de l’espoir dans le Village et se sont donné comme mission de réaliser la dixième revendication d’ACT UP, à savoir le mariage entre personnes de même sexe.

C’est en 2004 que René LeBoeuf et Michael Henricks réalisèrent cette ultime bataille contre l’homophobie institutionnelle en accomplissant le dixième objectif qu’ils s’étaient donné avec leurs camarades d’ACT UP.

Des échos du passé

Michael et René se disent inquiets du déferlement de haine qui touche actuellement les communautés trans et non-binaires. Ils déplorent que les slogans d’antan prônés par les membres d’ACT UP soient toujours d’actualité.

«C’était des slogans qui étaient choquants, pis même encore des slogans comme “non à la violence policière” ou “non à l’homophobie”, c’est encore très actuel 30 ans et 40 ans après», raconte René LeBoeuf.

De tout temps, pour les droits des gais, ç’a été d’avoir des acquis qui se faisaient difficilement.

René LeBoeuf

Les récentes attaques contre l’heure du conte de Barbada ont sidéré le couple, qui ne comprend pas d’où émerge une telle haine contre les drag queens.

«Qu’est-ce qui dérange chez les drags? Coudonc, c’est pas pire que la fée des glaces ou le père Noël, ils sont déguisés aussi, s’exclame René LeBoeuf. On ne veut pas d’autres morts de plus dans la communauté, on veut des gens en santé qui sont capables de vivre ouvertement leur homosexualité.»

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