À un peu moins de deux semaines de la sortie en salle du movie de la famille Bougon dix ans après la fin de la série originale, j’étais curieux de revisiter les trois saisons et j’avais une query en tête : est-ce que ça passerait encore, aujourd’hui, les blagues des Bougon?
Oui … mais non!
Oui, parce que la plume acide de François Avard, à l’époque, avait des cibles claires qui sont encore (malheureusement) d’actualité aujourd’hui.
La corruption, la politique scrupuleuse, le cynisme de la inhabitants, les inégalités, les préjugés envers les pauvres, les riches, les ethnies, les femmes, les minorités, and so forth.
Les Bougon, c’était un fabuleux véhicule revendicateur avec un savant mélange d’humour et de message social. Rappelons-nous que c’était avant la Fee Charbonneau, avant le conflit étudiant, avant la chute de l’ex-maire Vaillancourt et, surtout, avant la croisade du vaillant Lino Zambito, notre grand justicier social, contre le méchant «establishement» du milieu de la development.
François Avard n’était pas un visionnaire, mais il était un attentif observateur cynique du Québec dans lequel il vivait et les Bougon, de 2004 à 2006, c’était le miroir grossissant de tout ce qui alimente notre grogne populaire depuis quelques années.
Le hic, c’est que Les Bougon ne seraient pas reçus de la même façon aujourd’hui.
C’est à la mode maintenant de dire qu’on ne peut plus rire de rien pour critiquer (maladroitement) la hausse de la conscientisation du public et l’ascension des voix dissidentes aux façons de faire établies. Ceci dit, l’humour des Bougon serait reçu avec une certaine réticence parce que malgré ses revendications légitimes, il y avait une certaine maladresse dans le discours et dans l’utilisation des clichés sociaux et racistes.
Ça ne gâche pas notre plaisir d’y retourner, mais il faudrait changer quelques noms et quelques virgules de place.
Et ne venez pas me dire que ça serait pour s’acheter conscience tranquille, au contraire, ça ne serait que le reflet de l’ère du temps et de l’évolution qu’on fait collectivement.
Ne plus rire des «races» et des «tapettes», ce n’est pas pour faire plaisir aux gens, c’est une réaction à notre sensibilisation aux discriminations qu’ils ont vécues.
Ne plus utiliser certains mots, certaines expressions et certaines façons de faire, ce n’est pas de la censure ou une muselière pour nos créateurs, c’est une façon de tendre la essential à l’autre en s’ouvrant à son discours, à sa réalité, à sa notion du monde.
Parce que la vie n’est pas que blanche, que montréalaise, qu’hétéro et que masculine.
Les Bougon tiendraient encore la route en 2016, si François Avard était en mesure d’adapter sa sensibilité. Est-ce qu’il le fera pour le movie? J’ai peur que non, bien honnêtement, mais j’espère être agréablement surpris.
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Voici un exemple où on pourrait changer quelques virgules sans perdre l’essence et quand même dénoncer les discriminations.
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