MONTRÉAL — Les juristes de l’État ont finalement décidé, dans une proportion de 79 pour cent, de poursuivre la grève générale illimitée.
Du même souffle, c’est dans une proportion de 87 pour cent qu’ils ont rejeté les dernières offres gouvernementales.
Réunis lors de deux assemblées générales tenues simultanément à Montréal et Québec, jeudi durant tout l’après-midi, les avocats et notaires à l’emploi du gouvernement du Québec ont donc résolu de poursuivre la grève illimitée qu’ils avaient entamée le 24 octobre dernier — tout en assurant les providers essentiels.
Ils étaient 320 réunis à Montréal et plus de 600 à Québec, pour un syndicat qui compte quelque 1100 membres dans l’ensemble de la province.
Au cours d’une entrevue avec La Presse canadienne sur place à Montréal, Me François Desroches-Lapointe, avocat et porte-parole pour Les Avocats et notaires de l’État québécois (LANEQ), a dit estimer que les dernières offres gouvernementales n’étaient guère différentes de ce qui avait été offert aux autres employés de l’État — ce qui lui paraît insuffisant.
«Il y a eu des déplacements par rapport à ce qui a été fait avec le entrance commun, c’est-à-dire que des sommes d’argent que l’on retrouve dans une colonne A se retrouvent plutôt dans une colonne B, mais il n’y a pas d’argent différent, en fait. C’est un équivalent au niveau des offres, en pourcentage. Et ça s’éloigne évidemment pas mal de ce qu’on peut retrouver pour l’offre qui a été faite aux procureurs aux poursuites criminelles et pénales», a-t-il soutenu.
Me Desroches-Lapointe contredit ainsi ce qu’avait affirmé la veille le président du Conseil du trésor, Pierre Moreau. Celui-ci avait dit qu’ «en termes monétaires, au terme du contrat de quatre ans, les juristes auront l’équivalent dans leurs poches de la masse salariale des procureurs».
Selon l’interprétation des dernières offres gouvernementales que font les avocats et notaires, un écart de 40 pour cent persisterait plutôt avec les procureurs de la Couronne.
Pour ce qui est d’une autre revendication importante de LANEQ, à savoir le respect de leur indépendance professionnelle en tant qu’avocat, Québec proposait la création d’un comité qui se pencherait sur l’octroi de ce statut et ses effets.
Les avocats et notaires devaient également voter sur une troisième possibilité, à savoir la tenue d’une «grève à temps partiel». Cette choice a été rejetée dans une proportion de 84 pour cent.
La détermination des avocats et notaires paraissait évidente sur place, à Montréal. À travers les portes fermées, on pouvait entendre les nombreux applaudissements et les cris d’encouragement, bien que ces avocats et notaires soient en grève depuis un peu plus de trois mois.
«Moi, jour après jour, je suis sur les lignes de piquetage avec les gens. Je sens les gens déterminés à continuer. Je sens que les gens font d’énormes sacrifices. C’est difficile pour les gens», a rapporté Me Desroches-Lapointe.
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