Locataires évacués: indignation dans une tour de 90 logements

Metro Montreal

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Les propriétaires du Manoir Lafontaine tentent de procéder à ce que certains qualifient de «rénovictions» et donnent trois mois aux locataires des 90 logements de l’immeuble pour quitter les lieux. Le Comité logement du Plateau-Mont-Royal (CLPMR) a tenu une rencontre avec de nombreux locataires de l’endroit et ils comptent lutter contre ces évictions.

Le 30 mars, les locataires des 90 unités du Manoir Lafontaine, un édifice à appartements situé dans Le Plateau-Mont-Royal, en face du parc La Fontaine, sur l’avenue Papineau, ont reçu un avis d’évacuation temporaire. Une série de rénovations majeures à compléter justifieraient ces mesures, selon les propriétaires de l’immeuble. Les résidents ont trois mois pour partir de leur logement.

La state of affairs est inquiétante, témoigne un homme qui loue un appartement dans le Manoir Lafontaine depuis maintenant près de six ans. Gavril Varona, qui a récemment pris sa retraite, se despatched déséquilibré. Il compte demander conseil à ses proches afin d’élaborer un plan d’motion.

Mardi après-midi, le Montréalais allait rejoindre un ancien collègue de travail avec son avis d’évacuation dans la poche pour parler de cette affaire.

«Je vais devoir commencer à chercher un nouvel appartement. Je ne sais pas vraiment ce que je vais faire. Je vais consulter ma famille et mes collègues pour qu’ils me conseillent», partage-t-il.

Mobilisation des locataires

Depuis quelques jours, une bonne partie des résidents du bâtiment ont posé des affiches sur leur balcon. On peut y lire entre autres les messages suivants: «Mon quartier, j’y suis, j’y reste», «Liquidation non éthique des locataires», «SOS détresse éviction» et «Hill Park veut nous faire mourir», ce dernier message fait référence au nom de l’agence immobilière possédant l’immeuble.

Lundi soir, une cinquantaine de locataires du 3485 avenue Papineau se sont réunis au parc La Fontaine pour s’entretenir avec le CLPMR. Il est très uncommon qu’autant de personnes se mobilisent dans ce sort de state of affairs, soutient l’organisatrice communautaire au Comité logement du Plateau-Mont-Royal, Cloé Fortin.

«Je tiens à souligner que pour nous, une aussi grande mobilisation dans un immeuble aussi gros, c’est presque du jamais vu», précise-t-elle.

Pendant la rencontre, les questions légales ont été abordées en plus des avenues que certains ont l’intention d’emprunter afin de lutter contre cette «rénoviction».

Des évictions camouflées en travaux?

Les travaux concerneraient la toiture, mais aussi la construction, endommagée en raison d’infiltrations d’eau. Les locataires ne sont pas convaincus qu’il soit nécessaire de les évacuer pour compléter ces rénovations, selon Mme Fortin.

Du moins, ils se questionnent sur le fait qu’ils soient tous obligés de partir en même temps.

La plupart d’entre eux paient leur loyer beaucoup moins cher que le reste des gens du quartier. Ils croient donc que les propriétaires utiliseraient les travaux comme excuse afin d’augmenter le coût des loyers.

En principe, les locataires pourraient quitter leur logement d’ici fin juin et revenir s’y installer au plus tôt sept mois plus tard, si les travaux sont menés à terme comme prévu. Toutefois, de nombreuses personnes pourraient choisir autrement puisqu’elles occuperaient déjà un autre appartement et il serait compliqué de le quitter.

Les propriétaires pourraient justifier une hausse des loyers pour les résidents décidant de conserver leur logement en raison des travaux complétés. Cette augmentation serait toutefois limitée et devrait être calculée selon chacune des rénovations, explique Mme Fortin.

Cependant, si la grande majorité des anciens locataires décident de ne pas revenir au Manoir Lafontaine une fois les travaux terminés, les propriétaires pourraient alors augmenter considérablement les prix des loyers pour les nouveaux venus.

«Nous, on pense que ces travaux-là sont utilisés à un prétexte d’éviction. Les rénovations sont donc utilisées pour évincer les gens de manière définitive», dénonce Mme Fortin.

Dédommagements insuffisants

Tous les locataires ont 10 jours pour répondre à leur avis d’évacuation. Ceux qui décident de ne pas y répondre vont forcer les propriétaires de l’immeuble à avoir recours à la Régie du logement.

Par ailleurs, Hill Park s’interact à offrir trois mois de loyer en dédommagement, mais c’est loin d’être suffisant, selon Mme Fortin.

«L’évacuation doit être à coût nul pour les locataires. Donc on ne parle pas juste de trois mois de loyer en dédommagement. On parle de tous les frais qui vont être engendrés durant cette évacuation-là», martèle-t-elle.

Les frais de déménagement, d’entreposage de meubles ainsi que la différence du prix du loyer devraient être couverts par les propriétaires, considère-t-elle. Il semble ridicule de proposer seulement trois mois de dédommagement, selon ses dires.

Mme Fortin qualifie Brandon Shiller et Jeremy Kornbluth, qui ont acquis le Manoir Lafontaine en février 2019, d’«évinceurs en série». Ils auraient déjà utilisé cette même tactique dans quelques-uns de leurs immeubles, affirme-t-elle.

«Ils achètent des immeubles et sortent les gens afin de faire petites rénovations. Ensuite, ils louent les logements au double du prix. Tandis que d’autres propriétaires vont le faire dans le however de revendre l’immeuble», ajoute-t-elle.

Moratoire

Les tactiques de Hill Park sont aussi dénoncées par la députée de Mercier pour Québec solidaire, Ruba Ghazal.

«Ces gens-là agissent comme des prédateurs immobiliers. Oui, il y a la spéculation immobilière qui est horrible, mais ils veulent en profiter. Ils pensent que tous les quartiers centraux de Montréal leur appartiennent», déclare-t-elle.

Le gouvernement doit intervenir, croit-elle.

«Les propriétaires jouent avec la loi en ce second pour la mettre à leur avantage et les locataires sont laissés à l’abandon par le gouvernement», soutient Mme Ghazal.

Les élus devraient imposer un moratoire sur les «rénovictions» et les hausses de loyers, propose-t-elle. Le droit du logement des citoyens se doit d’être respecté, et ce, surtout en temps de pandémie.

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