WASHINGTON — Comme chaque année depuis l’arrêt «Roe contre Wade», il y a 44 ans, les opposants à l’avortement aux États-Unis ont manifesté vendredi sur la grande esplanade devant le Capitole, à Washington. Mais ils célébraient en plus cette année la fin de huit années d’administration démocrate et l’élection de Donald Trump.
Le vice-président, Mike Pence, a rappelé à la foule que les politiques anti-avortement sont en tête des priorités de la nouvelle administration. Dans un gazouillis, le président Trump a apporté son «soutien entier» à cette «Marche pour la vie».
Dans un jugement historique, la Cour suprême des États-Unis légalisait l’avortement dans ce pays le 22 janvier 1973.
Même si aucun responsable n’a voulu avancer de chiffre sur l’ampleur de la foule réunie vendredi, la manifestation, à vue d’oeil, semble avoir été plus courue que par les années passées. Le vice-président Pence a en tout cas parlé d’un «second historique» pour la trigger. «Nous assistons à la victoire de la vie aux États-Unis», a-t-il lancé aux manifestants.
M. Pence a rappelé que son administration était déterminée à mettre un terme au financement public des avortements, et à nommer à la Cour suprême un juge qui sera de la même trempe qu’Antonin Scalia — un conservateur catholique opposé aux interruptions de grossesse.
Lundi dernier — trois jours après son assermentation, deux jours après les gigantesques manifestations de femmes dans tout le pays, et un jour après le 44e anniversaire de «Roe contre Wade» —, Donald Trump a signé un décret présidentiel interdisant le financement public d’organismes internationaux qui soutiennent l’avortement.
Une provision du finances fédéral américain — l’«amendement Hyde» — empêche déjà le financement fédéral de la plupart des avortements dans le cadre du régime Medicaid; les conservateurs aimeraient maintenant que cet amendement budgétaire soit inscrit dans la loi. Les majorités républicaines aux deux chambres du Congrès voudraient aussi couper le financement public à l’organisme de planification familiale «Deliberate Parenthood», et interdire la plupart des avortements après 20 semaines de grossesse. Le président Trump a promis d’entériner ces deux mesures législatives si elles lui sont acheminées à la Maison-Blanche.
Plusieurs manifestants se disaient encouragés, vendredi, par les premiers jours d’administration de Donald Trump, même s’ils ne l’ont pas toujours appuyé dès le départ ou s’ils ne sont pas toujours d’accord avec le président. Certains avaient tenu à participer à cette «Marche pour la vie» parce qu’ils ne s’étaient pas sentis représentés lors de la manifestation des femmes, la semaine dernière au même endroit — et dans d’autres villes aux États-Unis.
Quarante-quatre ans après l’arrêt «Roe contre Wade», les Américains demeurent très divisés face à l’avortement. Dans un sondage Gallup publié au printemps dernier, 47 pour cent des répondants se disaient pro-choix et 46 pour cent anti-choix. Par contre, un complete de 79 pour cent des répondants croyaient que l’avortement devrait être permis «parfois» ou «toujours».
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