Les pannes de courant survenues auront bien fait le bonheur de quelques personnes: les «déchétariens», ces personnes qui récupèrent de la nourriture dans les poubelles des supermarchés et des eating places.
«En ce soir de panne électrique, fouillez les dumpster! C’est Noël pour nous!» peut-on lire dans un commentaire laissé le 6 avril sur la web page Fb «Dumpster Diving Montréal». À preuve, plusieurs photographs ont été partagées montrant des conteneurs à déchets remplis de nourriture, principalement de produits surgelés.
Des glaneurs alimentaires se réjouissent d’avoir fait le plein de victuailles à même les bennes à ordures des épiciers Métro et IGA dans l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve et celles d’un Intermarché situé au Plateau-Mont-Royal.
C’est notamment le cas de Carl, qui pratique le déchétarisme occasionnellement depuis environ cinq ans. Hier, il s’est rendu avec une vingtaine de personnes à une épicerie de l’arrondissement du Sud-Ouest. Dans un conteneur à déchets, le groupe a trouvé «beaucoup plus de produits qu’à l’habitude», entre autres des salades emballées, une «énorme» quantité d’épinards, une variété de fromages, de la viande et des produits congelés. Assez pour offrir les surplus à des organismes et remplir le frigo communautaire du Bâtiment 7 à Pointe-Saint-Charles.
«C’est ridicule l’ampleur du gaspillage alimentaire. Il y a des gens qui ne peuvent pas manger et il y a tellement d’aliments encore bons qui se retrouvent dans les poubelles au lieu de les donner à des organismes», déplore-t-il.
Carl ajoute également qu’il n’est pas uncommon de voir certaines épiceries détruire des aliments comestibles en les mettant dans des compacteurs.
Des aliments et de l’argent perdus
Une histoire qui surprend le président du Conseil canadien du commerce de détail (CCCD), Michel Rochette, étant donné l’éventail de mécanismes en place pour éviter que des comestibles se retrouvent à la poubelle.
Lors d’une entrevue téléphonique, Michel Rochette a réitéré à plusieurs reprises que les grandes chaînes de l’alimentation de la province ont souscrit à des obligations économiques, sanitaires et environnementales prévues au Programme de récupération en supermarchés pour limiter au most le gaspillage alimentaire. Grâce à cette initiative, leurs denrées invendues sont distribuées aux Banques alimentaires du Québec (BAQ).
De plus, lorsque survient une panne de courant et que les réfrigérateurs ou les congélateurs ne fonctionnent plus, les détaillants alimentaires sortent normalement «l’artillerie lourde».
«Les aliments sont transférés dans des remorques ou des camions réfrigérés ou la nourriture est maintenue à la bonne température à l’aide de génératrices», a précisé le président du CCCD.
À défaut d’avoir pu conserver la nourriture de manière adéquate, d’autres programmes instaurés à l’interne par les supermarchés prévoient qu’elle doit être compostée, a renchéri Michel Rochette. Si des produits comestibles se sont retrouvés à la poubelle, «c’est que le bac de composte était déjà plein, a-t-il supposé. Je ne vois pas d’autre possibilité. Aucun commerce a avantage à perdre des aliments, automotive il perd aussi de l’argent».
Au chapitre du gaspillage alimentaire, Québec Solidaire vient de déposer un projet de loi visant à obliger les grands détaillants alimentaires à donner leurs invendus à des organismes communautaires. Cette initiative survient quelque temps après que le quotidien Le Soleil a révélé que la chaîne de dépanneurs Couche-Tard envoyait régulièrement des milliers de contenants remplis et recyclables aux dépotoirs.
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