La cible d’immigration du gouvernement du Québec pour 2022 demeure inconnue, et aucune session à ce sujet n’est prévue cet été. Une stratégie de rattrapage doit être dévoilée pour remédier à la pénurie de main-d’œuvre qui sévit dans la province, prévient le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc.
Cette année, l’objectif est d’accueillir entre 44 500 et 47 500 immigrants. Les admissions ont été à la baisse en 2020, en raison de la fermeture des frontières. On estime que 13 000 à 18 000 nouveaux arrivants auraient dû faire leur arrivée dans la province.
Pour pallier le manque, 7000 immigrants supplémentaires à la cible initiale seront accueillis en 2021. L’objectif pour l’année prochaine ne sera toutefois fixé qu’à l’automne, indique le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration.
«Ce n’était pas nécessaire de faire un exercice de planification immédiatement, explique-t-on par courriel. Nous avons toutefois demandé au gouvernement fédéral d’accélérer la cadence et de prioriser les dossiers de personnes déjà sur le territoire afin de réduire les délais d’obtention de résidence permanente. L’urgence est davantage à ce niveau que d’augmenter les cibles.»
Clarté recherchée
Pour Michel Leblanc, il est essentiel que la cible préliminaire d’immigration pour 2022, allant jusqu’à 52 000 immigrants, soit maintenue. Au nombre, il souhaiterait que 8000 arrivants soient ajoutés, en guise de rattrapage.
«Je me serais attendu à ce que la ministre confirme que la cible est maintenue, admet-il en entrevue avec Métro. Je pense qu’il est absolument essentiel de rattraper le retard parce qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre qui va aller en s’empirant.»
Tous les secteurs reliés au tourisme et à la tradition souffrent particulièrement de la pénurie, rapporte-t-il. Il en va de même pour la restauration, milieu que 22% des travailleurs auraient abandonné durant la pandémie.
«La pénurie de main-d’œuvre et les tensions sur le marché du travail seront le file le plus chaud de la prochaine année. Ça va être extrêmement dérangeant: ce n’est pas une query de salaire, mais simplement qu’il n’existe pas assez de gens prêts à travailler», constate M. Leblanc.
L’immigration ne sera pas le seul remède à la pénurie. Le retour des jeunes «qui ont décroché du marché de l’emploi» sera nécessaire, selon lui. Les travailleurs en fin de carrière devront aussi continuer de travailler pendant une ou deux années supplémentaires, ou poursuivre à temps partiel.
Requirements réalistes?
Le premier ministre François Legault a confié devant le Conseil du patronat du Québec qu’il avait un «problème» avec les immigrants dont le salaire annuel est sous la barre des 56 000$. Pourtant, ces arrivants sont précieux, et comblent des emplois importants dans divers domaines qui souffrent, tels que l’hôtellerie, considère M. Leblanc.
«Quels sont les secteurs d’activités dans lesquels le salaire moyen est au dessus de 56 000$ au Québec?, s’interroge-t-il. Il n’y en a presque pas.»
Depuis son arrivée à la tête du gouvernement, François Legault a souvent fait l’éloge d’une immigration bien choisie qui permettrait d’augmenter le salaire moyen des Québécois. En juin, le premier ministre avait écrit sur Twitter que «la CAQ pense que le Québec a déjà atteint sa capacité d’intégration.»
Comments