Près de 13 ans après la mort de Fredy Villanueva sous les balles d’un policier, le documentariste Will Prosper prépare un long-métrage sur ce drame qui a ébranlé Montréal-Nord et la société québécoise.
Malgré les années qui se sont écoulées, revisiter cette période douloureuse est essentiel, selon le réalisateur. «Le temps qui a passé va aider à avoir certaines conversations. Les gens sont davantage prêts à écouter».
De plus, le meurtre de George Floyd commis par le policier Derek Chauvin a eu une résonnance ici comme ailleurs.
«On a beaucoup les yeux tournés vers les États-Unis, mais ici, on a un incident qui a marqué notre histoire. On n’a jamais vraiment raconté une histoire qui parle de ce sujet-là», explique celui qui agit aussi en tant que militant pour les droits civiques.
Des voix peu entendues
Dans le documentaire Fredy, Will Prosper donnera la parole à la famille Villanueva, notamment à Dany, frère du défunt, dont l’picture a été malmenée par la société, selon lui. L’objectif est de défaire certaines idées reçues sur Fredy, trop souvent perçu à tort comme un «gangster».
«Ça va être d’apprendre à connaître ces humains-là qui ont vécu un drame qu’on ne voudrait jamais vivre », explique celui qui a cofondé l’organisme Montréal-Nord Républik dans la foulée de ces événements.
Le long-métrage s’intéressera aussi à l’influence qu’a eu ce drame sur la société québécoise.
«Ce n’est pas une histoire qui s’est produite et qui s’est arrêtée là. Ça a marqué la société de plusieurs façons, qu’on pense aux revendications autour du profilage racial ou pour un bureau d’enquête indépendant pour que la police n’enquête pas sur la police», illustre-t-il.
Un movie nécessaire
Produit par Périphéria, Fredy est l’un des 22 longs-métrages documentaires qui obtiendront un financement de Téléfilm Canada cette année.
Le long-métrage a toutefois essuyé des refus des diffuseurs publics, une selected que le producteur a du mal à comprendre. «C’est un des meilleurs projets que j’ai reçu sur mon bureau en 20 ans […] Le même projet soumis par un réalisateur blanc aurait été accueilli plus favorablement», affirme sans détour Yanick Létourneau.
«& Ce qu’on a entendu, ce qu’on a vu, ce sont des journalistes, des avocats, des politiciens, mais les premiers concernés, Lilian, Dany, ces gens-là n’ont jamais vraiment eu de place pour raconter leur histoire& », insiste-t-il.
La sortie du documentaire est prévue à l’automne 2022.
Un drame encore marquant
Le 9 août 2008, Fredy Villanueva joue aux dés avec son frère Dany et d’autres jeunes près du parc Henri-Bourassa. Deux policiers interviennent pour mettre un terme à la partie, mais la state of affairs dégénère. Le jeune homme est alors atteint mortellement par des balles tirées par l’agent Jean-Loup Lapointe. Il n’a que 18 ans.
L’incident attise la colère des jeunes du quartier. Une émeute s’embrase dans la nuit du 10 au 11 août, alimentée par des conditions de vie difficiles et une relation tendue avec les policiers.
La mort du jeune Villanueva a fait d’objet d’une enquête du coroner. Le rapport dévoilé en 2013 critique notamment le manque d’encadrement du SPVM, le travail de l’agent Lapointe et les agissements de Dany Villanueva. Le coroner André Perreault estime alors que le drame est le «résultat d’une multitude de circonstances, qui, chacune prise isolément, ne saurait justifier logiquement ce résultat». Au remaining, «Fredy Villanueva ne méritait pas de mourir», mais n’a pas été «la victime d’un policier murderer».
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