L’herbogéniste — petit nom intime du joueur de « Génies en herbe » — est encore lié au cliché de la bolle de l’école, à l’élitisme. Une idée préconçue qui n’a jamais trouvé écho dans la vie de Mathias Paradis, un jeune joueur étoile du secondaire.
Dès un jeune âge, les mother and father de Mathias se sont vite rendu compte de la mémoire inusitée de leur fils. Son père, Jean-François, se rappelle qu’à l’âge de quatre ans, en route vers l’école, son garçon s’était mis à identifier par cœur toutes les marques de voitures qui avaient été ensevelies sous la neige durant la nuit selon leur emplacement de la veille.
À six ans, il dévorait les encyclopédies d’animaux. «Quand j’étais petit, j’allais au Zoo de Granby et j’attendais des gens confondre les espèces animales. Et ça m’écœurait», se souvient Mathias, dévoilant du même coup sa franchise un peu comique.
En rétrospective, le jeune de 17& ans croit maintenant qu’il était assez étrange comparativement aux enfants de son âge.
« En 2015, j’avais une amie dont la fête était le même jour que les élections fédérales canadiennes. Je m’étais mis à lui parler des cooks de chaque parti politique prenant half à la course: Justin Trudeau, Thomas Mulcair, Stephen Harper et Gilles Duceppe. J’avais neuf ans à peu près. On devait me trouver un peu weird quand j’y repense. »
Ouvrir la porte de la tradition
Malgré son aptitude flagrante et sa curiosité naturelle pour l’actualité, la politique, les sports activities et l’histoire, Mathias ne s’est jamais vraiment plu à l’école. Difficile de s’acclimater à un milieu dans lequel sont davantage valorisés les résultats, parfois aux dépens de l’individualité des élèves, juge-t-il.
Dans le cas de l’adolescent, son parcours scolaire a été teinté par des diagnostics de hassle déficitaire de l’consideration avec ou sans hyperactivité (TDAH) et du syndrome d’Asperger.
« Je suis très fort en français, en géographie et en histoire. Mais je n’ai aucune capacité en mathématique. Le fait que je sois Asperger amène les gens à penser que je suis très fort en math, mais ce n’est vraiment pas le cas. »
N’eut été de l’aide d’une orthopédagogue pour remonter la pente dans ce cours, Mathias se demande même s’il n’aurait pas fini par décrocher au secondaire.
Un autre ancrage a aussi contribué à le garder sur les bancs d’école: son entrée dans l’univers de Génies en herbe. Une idée d’activité qu’a eue son père pour que son fils puisse mettre en valeur ses facultés et s’ouvrir sur la tradition ainsi que l’actualité. Une équipe d’herbogénistes a été formée — appâtée à coup de Timbits — et entraînée par Jean-François à l’école primaire Madeleine-de-Verchères, puis à l’école secondaire Père-Marquette dans lesquelles Mathias a compétitionné et brillé ces huit dernières années.
Remark devenir un savant
Aboutissant sa cinquième année au secondaire, Mathias est le premier compteur des élèves montréalais du même âge. Quant à son équipe de l’école secondaire Père-Marquette — un établissement public — elle s’est hissée au premier rang du classement grâce à une saison régulière parfaite de dix-huit victoires et aucune défaite. Il mentionne au passage que leur division regroupe près d’une vingtaine d’écoles, dont la majorité provient du réseau privé.
Ces distinctions représentent une autre petite victoire pour Mathias. Elles aident à redorer la réputation de l’école publique. Elles démontrent que les compétitions de Génies en herbe ne sont pas que l’apanage d’une « élite », estime-t-il.
Doit-on en conclure que Génies en herbe, c’est l’affaire de tous? «À l’école, il n’y a pas quarante personnes qui veulent faire Génies en herbes», relativise le jeune homme avec un soupçon de dérision.
Pour mieux répondre à la query, Mathias tient avant tout à déconstruire ce qu’il appelle «le cliché du Génie en herbe», soit celui qui «se pète des 110% dans toutes les matières à l’école». Bref, la bolle. «Ce n’est pas nécessairement mon cas. J’ai certaines forces et faiblesses.»
Quelles qualités faut-il avoir pour devenir un savant, alors?
D’abord, l’endurance. « C’est quand même très psychologique les compétitions de Génies en herbes. Il y a quatre matchs dans les tournois. Si tu es fatigué après le deuxième match, ça ne marche pas. Il faut que tu sois quand même endurant. »
Ensuite, la vitesse. Le joueur devra penser et identifier des mots-clés dans les questions très rapidement pour être le premier à répondre.
Aussi, un peu de naturel. « Il faut porter de l’intérêt au monde qui nous entoure. J’ai peur de sonner prétentieux, mais je n’ai pas l’impression que si tu pratiques, tu deviendras nécessairement meilleur. Il faut avoir une bonne mémoire à la base », ajoute-t-il.
Enfin, l’esprit de compétition. Il nuance toutefois qu’il a fallu du temps pour qu’il prenne goût à la pression induite par la rivalité lors des épreuves. Maintenant, il avoue «aimé ça quand c’est corsé».
Un avenir enveloppé par la brume
Malgré ses prouesses et sa vaste tradition générale, le jeune joueur étoile envisage son avenir avec lucidité et une pointe d’angoisse.
«Mes habiletés qui m’ont servi durant les compétitions de Génies en herbe ne se transposent pas nécessairement dans la vie de tous les jours. C’est extrêmement précis. Parfois, j’ai de la difficulté à voir remark ses aptitudes vont pouvoir me servir dans le futur.»
Ayant participé à son dernier tournoi le 22& mai dernier — l’école Père-Marquette s’est inclinée en last contre le Collège Durocher de Saint-Lambert – Mathias est prêt à entamer un nouveau chapitre, ayant dédié une bonne partie de sa vie à faire quelque selected «parce qu'[il] est bon». L’année prochaine, il commencera ses études au cégep. D’ici là, son temps libre lui permettra de se consacrer à d’autres passe-temps, comme l’écriture, et à penser à d’autres projets: s’impliquer dans l’affiliation étudiante collégiale et s’investir davantage dans l’improvisation, une activité qu’il aime beaucoup, même un peu plus que Génies en herbe.
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