HALIFAX — Quand Zia Khan est arrivé dans les années 1970 à Halifax, alors qu’il était âgé de neuf ans, il représentait la nouveauté dans la capitale néo-écossaise qui connaissait peu de choses à la tradition musulmane.
Celui qui est aujourd’hui imam et directeur du Centre pour le développement islamique d’Halifax a quitté le Pakistan en compagnie de sa famille en 1978 pour s’installer en Nouvelle-Écosse.
Il répondait à l’appel lancé par l’ancien premier ministre canadien Pierre Trudeau pour inciter des familles et des étrangers éduqués à venir s’installer dans les régions moins peuplées du pays.
Les Khan ont dû s’intégrer dans un environnement principalement chrétien, anglophone et où 90 pour cent des habitants étaient blancs.
«J’étais un énergumène, se rappelle l’imam. J’avais de très bons amis et ils étaient presque tous chrétiens. Nous avions un très petit réseau de communautés musulmanes et un encore plus petit réseau de communautés arabes.»
Depuis qu’il a fondé la mosquée qu’il dirige, il y a 17 ans, Zia Khan a vu la démographie d’Halifax prendre un tournant. À l’instar des provinces canadiennes plus grandes, la Nouvelle-Écosse compte aujourd’hui un éventail de langues, de religions et de pratiques culturelles diverses.
Selon le plus récent recensement, effectué en 2011, l’arabe est la troisième langue la plus parlée dans la province maritime — soit par 6 700 personnes — et la deuxième à l’échelle d’Halifax. Le micmac et le chinois suivent.
Une grande partie des résidants qui parlent l’arabe sont d’origine libanaise et principalement de confession chrétienne. De plus en plus de résidants sont originaires d’Égypte, d’Irak, d’Arabie Saoudite, de Jordanie et du Koweït.
Cette année, quelque 1500 réfugiés syriens sont par ailleurs arrivés en Nouvelle-Écosse, gonflant les rangs des communautés arabe et musulmane. Le directeur général de l’Affiliation des providers d’immigration de la Nouvelle-Écosse, Gerry Mills, dit avoir observé plusieurs gestes d’ouverture de la half des Néo-Écossais à l’égard des nouveaux arrivants.
Il faut dire que la communauté arabophone avait déjà connu un essential essor dans les années 1990, alors que de nombreux civils fuyaient des conflits au Moyen-Orient.
«À Halifax, je begin à voir des signes de bienvenue, des panneaux d’instruction et des dépliants d’organismes en arabe», constate M. Mills, donnant en exemple des complexes sportifs, des bibliothèques, et des establishments bancaires.
Le port du hidjab n’est par ailleurs plus un signe distinct inusité à Halifax. Quand M. Khan a immigré dans cette ville, il n’y avait qu’une seule mosquée. Halifax en compte aujourd’hui moins quinze, en plus des épiceries, des marchés et des eating places variés.
La plupart des Néo-Écossais voient dans cette obscure d’immigration une piste de answer au vieillissement de la inhabitants, relève M. Mills.
Face à ce fourmillement démographique, de nombreuses chaînes de radio en arabe ont décidé de diffuser leurs ondes dans la petite bourgade. Radio Center East prévoit même ouvrir un bureau à Halifax au printemps.
Responsable du développement de ce projet, Oudai Altabbaa est un Syrien arrivé au Nouveau-Brunswick en 2009. Il espère que l’ouverture d’une station de Radio Center East à Halifax contribuera à tisser des liens entre les entreprises canadiennes et la communauté arabophone.
«Nous comblons un besoin (…) Il y a une importante communauté ici en laquelle il vaut la peine d’investir (…) Cela signifie que les entreprises canadiennes arrivent à cibler un nouveau public dont ils ont entendu parler, mais qu’ils n’étaient jamais parvenus à rejoindre.»
Si l’intégration des nouveaux arrivants semble aller de bon practice, plusieurs cas de racisme ou d’incompréhension entre les différentes communautés surgissent, souligne Mohamad El Attar, un Palestinien qui a grandi à Halifax. Sa soeur s’est déjà fait pointer du doigt comme étant une terroriste, a-t-il raconté, et quelqu’un lui aurait lancé de «retourner d’où (il) vient».
Quoi qu’il en soit, Mohamad tente de se dépêtrer de ce style de state of affairs en ayant recours à l’humour. Il s’est d’ailleurs mis à produire des vidéos satiriques sur Youtube sous le pseudonyme «That Muslim Man». Il y tourne au ridicule les stéréotypes auxquels les musulmans sont généralement associés.
«Si vous pensez que tous les musulmans ressemblent à cet homme, j’ai des nouvelles pour vous: vous êtes racistes, dit-il dans l’une de ses capsules net. Cet homme n’est même pas musulman. C’est le premier ministre de l’Inde et il est hindou.»
L’imam Khan a aussi essuyé son lot de commentaires racistes et de gestes discriminatoires, mais il croit que la Nouvelle-Écosse est sur la voie de rejoindre les régions cosmopolites du Canada, citant l’exemple de Toronto.
La ministre de l’Immigration de la province atlantique, Lena Diab, abonde dans le même sens.
Elle dit avoir été frappée par la générosité des citoyens qui ont donné des milliers de sacs de vêtements et d’autres articles aux réfugiés syriens qui arrivaient en Nouvelle-Écosse, à la fin de 2015.
«La diversité emmène une pressure. Nous accueillons cela», a-t-elle conclu.
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