Les peintres noirs sont prisés comme jamais sur le marché de l’art

Metro Montreal

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Longtemps sous-estimés, voire ignorés, les peintres afro-américains ont désormais toute l’consideration du marché de l’artwork, comme en témoignent les grandes enchères de printemps à New York, qui devraient voir tomber une série de data.

Il y a évidemment Jean-Michel Basquiat, premier peintre noir tête d’affiche des deux principales ventes de Christie’s et Sotheby’s, respectivement mardi et mercredi, avec chacune une toile estimée aux environ de 50 hundreds of thousands de dollars.

S’annoncent aussi Robert Colescott, qui devrait décupler son report actuel et dépasser peut-être les 10 tens of millions de dollars, ainsi que Norman Lewis, Mark Bradford ou Kerry James Marshall, tous attendus au-delà du million.

Jamais autant d’artistes afro-américains n’avaient été conviés à ce qui reste l’événement biannuel phare du marché de l’artwork.

«Il y a une appréciation nouvelle et une hausse de la demande, qui se reflètent dans les prix», et dans la visibilité générale de ces peintres, dans les galeries et les musées, explique David Galperin, responsable des prestigieuses ventes de soirée de Sotheby’s à New York.

«C’est une correction», résume le sculpteur afro-américain Sanford Biggers, dont la gigantesque statue Oracle vient d’être inaugurée au Rockefeller Middle. «Pendant longtemps, le travail (des artistes noirs) a été négligé, alors qu’il était fantastique.»

Le mouvement citoyen né après la mort de George Floyd a contribué à cette réévaluation, mais elle était déjà largement engagée auparavant, de l’avis général. «La percée date d’il y a cinq ans environ», estime Sherman Edmiston, président de la galerie Essie Inexperienced, spécialisée dans les peintres noirs, fondée en 1979. «Ça a été une vraie lutte.»

Il attribue cette percée à une conjonction de facteurs, notamment l’émergence d’une génération de collectionneurs noirs, emmenée par des personnalités influentes.

Le rappeur et producteur Swizz Beatz est souvent considéré comme pionnier, mais P. Diddy, Jay-Z, Pharrell Williams et Kanye West sont aussi aujourd’hui des collectionneurs référencés.

«Le hip-hop était un phénomène culturel et ils ont montré la voie», souligne Sherman Edmiston. «Ils ont créé une tendance.»

À cela s’est ajoutée la transformation du marché de l’artwork, qui a fait triompher la logique de l’investisseur et de l’argent sur celle du collectionneur.

À mesure que s’asséchait l’offre d’artistes traditionnels, quasiment tous blancs, les portefeuilles se sont tournés vers des créateurs afro-américains, à des prix attractifs. «C’est là que l’artwork noir a vraiment décollé», selon Sherman Edmiston.

Surchauffe?

Avec leur affect croissante dans le milieu artistique, beaucoup de ces oeuvres y ont fait entrer des sujets qui y étaient quasiment absents jusque-là. Chacun à leur manière, Basquiat, Jacob Lawrence ou Kerry James Marshall ont ouvert une lucarne sur l’«African American Expertise», l’existence des Noirs aux États-Unis.

«Une half importante de l’artwork que nous voyons aujourd’hui n’aurait pas pu exister sans ces artistes», considère Ana Maria Celis, responsable des ventes de soirée chez Christie’s, qui mentionne notamment la peintre américaine Jordan Casteel, 32 ans, parmi les héritiers de ce mouvement.

Si les peintres noirs ne sauraient être considérés comme un ensemble homogène, plusieurs d’entre eux «veulent susciter une dialogue potentiellement délicate» et, plus largement, «remettre en query ce que l’artwork devrait dire ou la façon de le faire», dit-elle.

Le public plébiscite ce nouveau courant d’expression et, depuis trois ans, les data s’enchaînent. L’accélération est telle que les prix atteignent régulièrement plusieurs fois l’estimation initiale, phénomène uncommon pour des enchères de ce niveau.

«Il y a un côté: si c’est (un artiste) noir, c’est génial», observe Sherman Edmiston. «Si c’est (un artiste) noir, j’achète. Mais il faut qu’il y ait une distinction» entre les oeuvres et les artistes, dit-il.

Pour lui, le marché est même en surchauffe. «C’est mon impression. Mais peut-être que je ne vois pas le potentiel futur, que je price quelque selected», dit-il dans un sourire. «C’est même possible.»

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