La cloche de l’église de la Visitation, la plus vieille à Montréal, croule-t-elle toujours sous la neige à Rivière-du-Loup? Contacté par Métro, l’actuel propriétaire, Pierre-Luc Bastille, s’est refusé à tout commentaire sur le sujet.
« Je n’ai pas de commentaires à faire là-dessus », aurait dit M. Bastille à sa secrétaire qui nous a transmis le message après plusieurs tentatives de prise de contact.
Toutefois, le ministère de la Tradition entend vérifier que l’actuel propriétaire de la cloche ait pris les mesures de safety spécifiées dans l’avis ministériel du 26 janvier dernier. M. Bastille a 60 jours pour faire connaître son level de vue quant au bien auprès du Conseil du patrimoine culturel du Québec.
«Dans le délai qui sépare la diffusion de l’avis d’intention de classement [NDLR : comme objet patrimonial] et l’avis du Conseil du patrimoine culturel, le ministère poursuivra l’étude du file notamment en se déplaçant sur le terrain afin de voir la cloche», nous indique dans un courriel la Path des communications et des affaires publiques du ministère de la Tradition.
L’angle de Pierre-Luc Bastille inquiète la communauté religieuse de la Bienheureuse-vierge-Marie. L’architecte Jocelyn Duff, membre de la Société d’histoire d’Ahuntsic-Cartierville (SHAC) doute que l’actuel propriétaire veuille collaborer dans le file. Il y a deux ans, les tentatives de la communauté d’échanger avec M. Bastille se sont mal passées.
On lui a fait une offre de rachat sans prix et on lui a dit qu’on voulait l’acquérir et en discuter. Il nous a fait une crise au téléphone. Il n’avait pas une bonne angle. Il m’a rappelé pour s’excuser en disant que peut-être qu’il avait une ouverture. On verra par la suite. C’est un début.
Jocelyn Duff, architecte et membre de la Société d’histoire de Ahuntsic-Cartierville
«Je pense qu’il ne pourra pas indéfiniment avoir cette angle. Le fait que la cloche soit [potentiellement] classée objet patrimonial, cela le fera sortir de sa torpeur.», renchérit le coordonnateur au service de la paroisse, Patrick Goulet.
Fête communautaire en préparation
L’église attend pourtant la cloche comme le désert du Sahara attend la pluie. Dans une salle en arrière de la chaire à prêcher, les paroissiens ont déjà déterminé un emplacement pour l’entreposer.
La salle dispose de gicleurs ainsi que de détecteurs de mouvement pour sécuriser la cloche. On y retrouve déjà beaucoup d’objets historiques de valeur comme une croix de la tempérance des années 1700, un cadran solaire de 1751, des tableaux de Sainte-Catherine d’Alexandrie de 1834, une reconstitution en picture de la première messe en présence de Samuel de Champlain au bord de la rivière et des statuts d’antan en réparation. «Ici, c’est un chantier perpétuel depuis 300 ans», observe Patrick Goulet.
Les préparatifs d’accueil de la cloche impliquera également toute la communauté, selon Patrick Goulet. «À terme, on fera une grande fête communautaire et après on devrait la sécuriser et la mettre en valeur ici, automotive il y a beaucoup de visites guidées», indique M. Goulet. Ce dernier déplore que la cloche fasse l’objet d’une saga alors qu’elle devrait servir à réunir les gens.
Une cloche, cela rassemble. Et c’est dommage que la cloche semble diviser. Avant, on utilisait la cloche pour rassembler les gens devant l’église, les gens étaient convoqués devant l’église grâce à la cloche.
Patrick Goulet, coordonateur au service de la paroisse
La cloche de la chapelle Notre-Dame-de-Lorette aurait été fabriquée en France en 1732. Elle a été importée en Nouvelle-France pour être placée dans le clocher de la chapelle Notre-Dame-de-Lorette, qui a été construite vers 1700 dans la mission autochtone du Sault-au-Récollet.
Durant les années 1990, on perd la hint de la cloche. Elle réapparait finalement au début des années 2000 chez un antiquaire de Québec, où elle a été acquise afin d’intégrer une assortment privée. L’Église de la Visitation est classée monument historique depuis 1974.
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