La pièce de théâtre Violette a pris l’affiche la semaine dernière à l’Espace Libre. Elle met en vedette trois actrices atteintes de déficience intellectuelle, dont la Beaconsfieldienne Stéphanie Colle, qui est membre de la Corporation L’Espoir à LaSalle.
L’œuvre raconte l’histoire d’une jeune femme qui vit avec un handicap psychological et qui accueille un spectateur dans sa chambre, explique la metteuse en scène, Catherine Bourgeois.
Cette femme meurtrie confie avec poésie, mais lourdeur, un acte d’agression sexuelle qu’elle a vécue. Grâce à la réalité virtuelle, les spectateurs peuvent aussi voir son amie imaginaire, une femme-corneille.
«Il y a cette idée d’une parole qui libère, qui guérit. Le fait de partager un secret peut nous amener à nous libérer de son poids et transcender la douleur reliée», décrit Mme Bourgeois.
La pièce et les mots sont davantage présentés de façon poétique que graphique, à la manière d’un conte.
Elle est présentée simultanément par les trois interprètes dans trois chambres différentes pour un seul spectateur à la fois.
La réalité virtuelle permet d’être dans plusieurs environnements comme dans une forêt enneigée, par exemple.
La metteuse en scène explique avoir choisi ce médium en raison du caractère intimiste du sujet. Cela permet également une rencontre avec l’autre.
Interrogée après la première soirée de représentation, Catherine Bourgeois dit que les gens ont été touchés, voire bouleversés par cette histoire.
Entre 70 et 80% des femmes en state of affairs de handicap intellectuel seraient victimes d’abus sexuels, au moins une fois dans leur vie.
«Souvent, les personnes en state of affairs de handicap se retrouvent sur les lignes de côté. On entend peu leurs histoires, leurs factors de vue.» Catherine Bourgeois, metteuse en scène
La pièce a été écrite par l’une des cofondatrices de la compagnie de théâtre Joe, Jack et John, Amélie Dumoulin.
Pour se faire, elle a recueilli des témoignages de gens qui ont vécu ce style de state of affairs.
C’est l’entreprise UNLTD qui s’est occupée d’intégrer la réalité virtuelle.
Joe, Jack et John est une compagnie de théâtre performatif, collectif et inclusif empruntant aux vocabulaires des arts visuels et de la danse. Prônant un discours engagé, sa démarche artistique vise à interroger la notion de norme sociale en intégrant, par exemple, des acteurs et professionnels ayant une déficience intellectuelle ou issus de divers horizons culturels.
Elle favorise également l’accessibilité universelle et certains spectacles sont offerts en langage des signes québécois (LSQ).
Stéphanie Colle
Pour l’actrice de Beaconsfield, jouer son personnage représente un défi, elle qui est plutôt de nature réservée. C’est d’ailleurs son premier rôle professionnel en théâtre.
Née avec le syndrome de Down, Stéphanie Colle a obtenu ses premiers contrats de télévision en 2018, dont dans Léo, une émission québécoise réalisée par Fabien Cloutier. Elle a également joué dans Unité 9.
On la verra prochainement dans la série Nuit blanche, où elle tient un rôle principal. «Ma carrière begin», mentionne la comédienne.
Elle a été formée au centre des arts de la scène Les Muses, à l’école Champagnat, où elle a attrapé la piqûre du jeu. Cette école du Plateau-Mont-Royal offre une formation professionnelle en théâtre, en danse et en chant à des artistes vivant une state of affairs de handicap.
Mme Bourgeois dit être heureuse de travailler avec Mme Colle.
«On l’a vraiment vu évoluée à travers son travail, développer sa palette d’émotions. Je la vois continuer à se développer et à éclore», témoigne-t-elle.
Le spectacle est présenté jusqu’au 30 mai à l’Espace Libre. Il partira en tournée par la suite ailleurs au Canada.
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Nombre de créations produites par la compagnie Joe, Jack et John.
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