Motion Dignité de Saint-Léonard fête cette année ses 25 ans d’existence. L’organisme qui, via son comité de logement, vient en aide à plus de 1000 locataires par année a récemment été honoré par l’Arrondissement de Saint-Léonard à l’aide d’une plaque honorifique.
Fondé en 1998, Motion Dignité offre de nombreux providers dont des consultations en personne et au téléphone, des ateliers collectifs et la participation à la création de projets de logements sociaux.
Insalubrité, hausses de loyers abusives, reprises de logements, évictions illégales, harcèlement: les problèmes pour lesquels la coordonnatrice Sylvie Dalpé doit aider les locataires n’ont pas beaucoup changé depuis son entrée en poste, en 2000, quoiqu’ils semblent augmenter en intensité.
«Cette année, on n’a jamais eu autant de reprises de logements. Souvent ce sont de fausses reprises. Je donne beaucoup d’ateliers collectifs pour remark calculer les hausses de loyers. J’en ai toujours donné, mais encore plus cette année. On est l’arrondissement où il y a eu la plus grosse augmentation. La majorité des gens ne connaissent pas leurs droits et pas seulement les nouveaux arrivants», souligne-t-elle.
Motion Dignité milite pour un réel contrôle des loyers par le gouvernement ainsi que l’établissement d’un véritable registre des loyers.
«On demande un registre des baux. En ce second, la majorité des propriétaires ne remplissent pas la part G. Malheureusement, aucun contrôle ne s’exerce pour les immeubles de moins de cinq ans. Il faudrait que le tribunal ait le contrôle sur tous les immeubles», explique Mme Dalpé.
Problématiques spécifiques à Saint-Léonard
Selon une étude du Regroupement des comités logements et associations de locataires du Québec (RCLALQ) faite à partir des annonces sur Kijiji, le prix des loyers aurait augmenté de plus de 30% dans Saint-Léonard au cours des cinq dernières années.
En outre, une grande pénurie de logements y existe, de façon plus importante qu’ailleurs, selon Mme Dalpé.
«N’essayez pas de vous trouver un 5 ½, vous n’en trouverez pas. En pénurie, ça donne le beau jeu aux propriétaires. Ils peuvent avoir de 20 à 30 personnes intéressées à louer un logement», soutient-elle.
La pénurie ferait en sorte d’accentuer la discrimination pour les locataires potentiels.
«C’est un problème qui est caractéristique de Saint-Léonard. Par rapport à l’ethnie, mais aussi la présence des enfants. Les propriétaires sont très vieillissants. La moyenne, c’est 80 ans pour les propriétaires. Ils ont des grands logements et là ils louent ça à des familles et ça ne marche pas. Et là, ils disent qu’ils ne veulent pas de familles, mais à Saint-Léonard, ce sont des familles qu’on a», avance Sylvie Dalpé.
Un défi necessary
Avec le prolongement en cours de la ligne bleue du métro, tout le secteur de la rue Jean-Talon Est est en voie de subir une transformation importante. Quatre nouvelles stations de métro verront le jour entre les boulevards Pie IX et Langelier. Plusieurs projets de redéveloppement et de revitalisation urbaine sont prévus pour le secteur.
Selon un récent rapport de la Société d’habitation du Québec (SHQ) réalisé pour le compte d’Motion Dignité, le Programme particulier d’urbanisme (PPU) Jean-Talon Est risque d’entraîner une gentrification du secteur. Hausse des taxes foncières, spéculation immobilière, augmentation des loyers et des demandes d’augmentation des loyers ainsi qu’une augmentation des demandes de reprises de logements dans les immeubles où les prix sont encore raisonnables: les répercussions pourraient être nombreuses.
«Jean Talon c’est tremendous necessary, une certaine gentrification, c’est right, mais avec des logements sociaux, pas seulement des condos. On va mobiliser. Il y a des possibilités de faire du logement social et communautaire. C’est ça que ça prend. Les excursions de condos, ça suffit. Ça met une pression sur l’ensemble de l’immobilier qui fait hausser les loyers. Ça prend des logements sociaux pour Jean-Talon», indique Sylvie Dalpé.
Regarder vers l’avenir
Outre la mobilisation à venir pour le redéveloppement du secteur Jean-Talon Est, Mme Dalpé identifie le sous-financement d’Motion Dignité comme un autre défi essential pour l’avenir de l’organisme.
«On a besoin d’un meilleur financement. On est sous-financé comparativement aux autres organismes, aux autres comités logement, qui ont des équipes de quatre personnes. Nous, on est deux. On fait la mobilisation, les études, des analyses, on répond aux locataires, on fait du porte-à-porte», souligne-t-elle.
Après 23 ans de service en tant que coordonnatrice pour Motion Dignité, Sylvie Dalpé répond évasivement lorsqu’on lui demande combien de temps elle prévoit rester en poste.
«Des fois je dis que je vais quitter bientôt, mais là j’obtiens une idée et on dépose un nouveau projet, rigole-t-elle. Mais à un second donné, je vais quand même quitter. Mais je ne sais pas quand encore.»
Comments