Directeur de l’Atelier d’histoire Mercier–Hochelaga-Maisonneuve depuis septembre 2019, William Gaudry a toujours été fasciné par l’histoire de son quartier.
Fils de col bleu, William Gaudry est né dans le Nouveau Rosemont, mais a surtout grandi dans Mercier-Ouest, plus précisément dans le quartier de Notre-Dame-des-Victoires.
Il se souvient que sur sa rue, Monsabré, il y avait un coiffeur, une quincaillerie et deux dépanneurs qui ont été par la suite transformés en résidence.
«Ce qui caractérise Mercier-Ouest, c’est l’absence de rues commerciales. Les commerces se mélangeaient beaucoup avec les résidences. J’ai connu cette période et la disparition progressive de ces petits commerces de proximité.»
À l’époque, tout était centré autour de la paroisse.
«J’ai joué au baseball pendant longtemps pour l’équipe de Notre-Dame-des-Victoires et on jouait contre d’autres paroisses. L’équipement était payé par la paroisse et l’école était aussi attachée à celle-ci.»
Une ardour pour l’histoire locale
Historien de formation, William Gaudry s’est intéressé dès le départ à l’histoire de son quartier.
«Ça m’intéressait de comprendre le milieu dans lequel j’habitais. Je dis toujours que la compréhension de l’histoire du quartier est essentielle à la qualité de vie, donc à l’appréciation de son milieu.»
William Gaudry
Pour ses études, il s’est orienté vers l’histoire de Montréal en général.
«À la base, je suis un historien spécialisé dans la fiscalité montréalaise. Par la suite, quand j’ai voulu faire un doctorat, je voulais faire l’histoire des annexions à Montréal. Finalement, mon directeur m’a réorienté vers un domaine en émergence, l’histoire du génie civil et l’industrie de la development.»
Comme sa famille maternelle est originaire du vieux village de Longue-Pointe, il a décidé de faire sa thèse sur la development du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine qui a nécessité l’expropriation de plusieurs résidents du secteur dans les années 1960.
«Plus de 80% du village a été détruit pour le pont-tunnel».
Atelier d’histoire Mercier–Hochelaga-Maisonneuve
Faisant une partie de ses recherches à l’Atelier d’histoire Mercier–Hochelaga-Maisonneuve pour la rédaction de sa thèse, William Gaudry begin à s’impliquer bénévolement dans les activités de l’organisme. Rapidement, il devient le dauphin du directeur de l’époque, Réjean Charbonneau.
Décidé à prendre sa retraite, ce dernier offre à William Gaudry la path de l’Atelier en 2019.
Avec son arrivée en poste, l’organisme adopte un virage numérique.
«On publie des capsules historiques deux à trois fois par semaine sur notre web page Fb, ce qui nous a vraiment permis d’avoir une visibilité publique qu’on n’avait pas du tout auparavant.»
Il cherche ainsi à sortir de la «vieille conception des sociétés d’histoire, axée sur le membership, un noyau très serré.»
Il en profite pour professionnaliser et rajeunir l’organisme, dont la moyenne d’âge actuelle est de 25-30 ans.
«Il y a beaucoup de sociétés d’histoire qui plafonnent parce que c’est surtout des retraités et ils n’ont pas nécessairement le temps, les connaissances historiques et la méthodologie pour faire des recherches très raffinées.»
L’atelier mène actuellement un gros projet qui a «donné des ailes»& à l’organisme, selon William Gaudry, c’est-à-dire l’inventaire patrimonial de Mercier.
«C’est la première fois au Québec qu’une société d’histoire est mandatée par un pouvoir municipal, en l’prevalence l’arrondissement, pour réaliser un inventaire patrimonial sur un territoire défini.»
Sur les 1012 bâtiments répertoriés, 98% sont résidentiels. Sur le lot, seulement une douzaine de bâtiments sont industriels et sont concentrés dans Mercier-Ouest, explique William Gaudry.
«On a des bâtiments scolaires et institutionnels, bien entendu, mais c’est vraiment minime.»
Parmi les bâtiments très anciens, il y a la Maison Ethan Allen près de la promenade Bellerive, ainsi que la maison du premier maire de Tétreaultville, Guillaume Willems, néerlandais d’origine qui a passé une partie de sa vie en Afrique du Sud.
«Sa maison est vraiment exceptionnelle. Une structure distinctive dans l’est de Montréal.»
Elle se trouve sur la rue Des Ormeaux en face du parc Thomas-Chapais.
Ce qui inquiète William Gaudry, c’est la pression énorme sur le secteur pour densifier la inhabitants du territoire, ce qui est «souvent incompatible avec la conservation d’un patrimoine de faible densité, ce qui encourage la disparition systématique des maisons patrimoniales».
Un phénomène observable actuellement, alimenté par les entrepreneurs.
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